Définition
Les personnes étoile, personnes * ou personnes ⭐ sont toutes les personnes opprimées par notre société. Ce sont celles et ceux pour qui la société n’a pas été pensée, qui se battent tous les jours pour faire valoir des droits fondamentaux.
Commentaire : pourquoi créer ce mot ?
C’est un peu fatigant de devoir dire « les personnes racisées, les femmes, les enfants, les … ». En plus, quand on les liste comme ça, on ne sait jamais qui mettre en premier, on dirait qu’il y a une hiérarchie entre les oppressions… Et c’est tellement vrai et faux à la fois qu’on sait plus trop si on est fâché·e ou pas. On se demande qui on va avoir oublié, comme dans les remerciements d’un bouquin (j’ai pas oublié tonton Jacquot ?), et quelle énième engueulade on va provoquer au prochain repas de Noël…
Par ailleurs, les mots pour désigner ces personnes sont très souvent peu satisfaisants du fait qu’elles sont créées par opposition à la catégorie dominante. Tiens par exemple, « personne handicapée » pour moi, ça sonne toujours faux. « Invalide » et « non-valide » aussi… J’en fais une personne étoile. C’est juste une personne dont la réalité n’a pas été prise en compte dans l’agenda des puissant·es… Ces mots ne sont pas non plus figés ou consensuels dans les milieux militants. Des personnes racisées ne peuvent pas supporter le terme de « racisé·e » ? La nouvelle prise conscience d’une catégorie LGBTQI++ vient rendre obsolète n’importe quel article d’il y a trois mois ? –> Bref. C’est un bon moyen pour se tirer entre les pattes entre personnes de la même communauté, et de nous rendre auto-centré·es sur nos définitions plutôt que sur nos luttes.
« Étoile », c’est extensible, c’est contractile, ça pète, c’est joyeux, c’est pas défini en fonction de la norme dominante. Et puis comme je l’ai inventé pour ma propre utilisation plutôt que pour vous faire plaisir je vais pas m’emmerder à continuer de chercher des arguments. S’il vous plaît pas je m’en fous, moi je l’utilise quand même. Na.
Concrètement, qui sont les personnes étoiles ?
Les personnes subissant une oppression systémique constituent les personnes étoiles. Ici une liste des oppressions qui existent. Sans doute non exhaustive et non consensuelle. Ce n’est pas le sujet.
Il faut toujours conserver, par précaution, une ouverture quant à la définition de cette catégorie « étoile ». En effet, une catégorie opprimée met par définition beaucoup de temps pour être reconnue, puisque plus on est opprimé·e, moins notre voix est entendue. Il faut que des personnes avec suffisamment de ressource(s) mais vivant / ayant vécu l’oppression, ou ayant une empathie suffisante pour la classe opprimée, puissent formuler de manière suffisamment compréhensible l’injustice spécifique à cette classe. Il faudra encore du temps pour que des scientifiques de sciences humaines et de sciences dures donnent un crédibilité au vécu des personnes opprimées, seule à même de convaincre les plus sceptiques de faire passer leur statut d’oppression de « ressenti personnel » à « fait social ».
Or dans certaines catégories, les personnes sont dans une situation d’oppression tellement totale qu’elles n’ont même pas l’espace pour ressentir un sentiment d’injustice. Il faudra dans ces cas un long processus d’empuissancement pour que la personne arrive à sortir de son déni puis de son silence, et trouve autour d’elle la ressource et les personnes pour porter sa voix.
Par exemple, le fait que des femmes avaient accès à l’apprentissage de la lecture et à l’écriture a considérablement facilité l’émergence du féminisme. Mais en ce qui concerne l’âgisme contre les enfants, leurs moyens d’expression non-adulte les exclut d’une lutte à « armes égales » avec les adultes. Là où chez les femmes « prendre les moyens d’expression de la société » était possible en accédant aux mêmes compétences que les hommes, chez les enfants « prendre les moyens d’expression de la société », équivaut à chercher des moyens qui sont adaptés, réservés, mais aussi propres aux adultes, ce qui est en fait extrêmement coûteux, voire impossible. De plus, leur situation de totale vulnérabilité face à leurs oppresseur·es crée chez elleux la nécessité de « ne pas penser » leur situation d’oppression, de rester dans un déni qui leur permet une survie psychique. Lucide et enfant, c’est l’auto-destruction assurée.
Les personnes étoiles sont donc à la fois les personnes opprimées et toutes celles qui sont trop invisibles pour être vues dans leur oppression.
Naissance du mot
C’est en cherchant un terme pour le tribunal étoile que naît ce mot. C’est en lisant cette section de l’article de présentation de ce projet que vous pourrez en savoir plus.
Laisser un commentaire