Long de toi

Tu es tout au bout de mes doigts, du bras que je tends, de mon torse qui se courbe vers l’eau du puits, noire et reflets blancs. Petits morceaux de terre qui paillettent dedans « plic ploc » quand ma poitrine frotte sur le vieux mur en pierres.

Tu es tout au bout de ma langue, tu es tous les mots, toutes les gouttes qui tombent à côté de moi.

Je chavire un jour, c’est le clair de lune dans ma tête, mon esprit éveillé, alors que tout pousse vers le sommeil. Dors bien, petit garçon. Je chavire dans le puits. Je vais devant mon bras, devant mes doigts, mon torse plonge et descend lentement vers l’eau. Lente, lente chute, longue haletante, pendant des heures de musique au piano. Rien ne presse, ni la gravité, ni toi, ni moi, ni la nuit ou la lune, ni la musique au piano. Il existe mille autres vies où je suis déjà ce que je suis, je peux perdre toute mon existence dans ce puits. La chute peut encore durer un siècle. Et la musique ne s’éteindra jamais.

Je tombe, longtemps. Je tombe amoureux.


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